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17 MAI / Victime ou Témoin de LGBTphobies, sérophobies ou violences conjugales au sein d’un couple LGBT, FLAG! lance son application mobile

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Marc

Marc, notre ami  nous a quittés. Marc était certes une personne secrète et discrète, mais il aimait aussi la compagnie.
En l’occurrence, il fréquentait avec assiduité un groupe associatif, qui se nomme, David et Jonathan, et dont le sous-titre est « Mouvement homosexuel chrétien ouvert à toutes et à tous ». Car oui, Marc était homosexuel.
C’était une partie importante de sa vie et il appréciait de pouvoir l’exprimer et l’assumer à nos côtés, au sein du groupe David et Jonathan Finistère.
Cette association, à travers ses groupes locaux, a pour objectif d’aider les personnes homosexuelles à réconcilier leur homosexualité avec la pratique de la foi chrétienne. Dans ce cadre, l’homosexualité est une composante de la vie de chaque personne, une composante parmi tant d’autres, à laquelle il convient de donner sa juste place. Quant à la dimension chrétienne, il s’agit de pouvoir pratiquer sa foi librement, sans honte ni peur, et en suivant le fondement de toute religion, qui est le mouvement de l’âme vers Dieu.
C’est la tentative de s’élever du terrestre pour atteindre une dimension spirituelle, qui infuse à son tour les différents aspects de la vie de chacun. Marc était l’un des plus anciens membres du groupe David et Jonathan Finistère. Il était surtout le plus assidu : il n’a manqué, en presque dix ans, qu’une seule réunion, au moment où sa mère, votre mère, était mourante.
Marc ne parlait pas beaucoup pendant nos réunions, mais il écoutait beaucoup. Et, certaines fois, son sens de l’humour et sa finesse d’esprit faisaient mouche. Je me souviens que, lors d’une réunion chez notre ami Jacques, qui lui aussi nous a quittés, un membre du groupe s’était présenté en précisant « Je suis marié – avec un homme ». Et alors Marc, sur un ton faussement étonné, s’était exclamé « Noon, c’est pas vrai ??? ». Il a provoqué l’hilarité générale ! Et l’un d’entre nous s’était exclamé « Marc ne parle pas beaucoup, mais quand il parle, il dit LA phrase de la réunion ! ». Ceux d’entre nous qui ont connu Marc de plus près sont d’accord sur ce point : Marc faisait preuve d’un esprit profond et fin, caché derrière la surface de sa timidité. Je me souviens qu’il lisait des journaux tels que Le Monde diplomatique et pouvait sans problème tenir une conversation sur des sujets de géopolitique.
Marc était également proche de sa famille. Il me disait, par exemple, qu’il était très inquiet pour l’état de santé de sa mère puis pour l’état de santé de son père. Ceux d’entre nous qui ont réussi à gagner la confiance de Marc peuvent témoigner de sa personnalité sensible et attentive, malgré les douleurs intérieures qui parfois le rongeaient. A présent, Marc nous a quittés, dans des circonstances soudaines et douloureuses. Il y aura désormais toujours un vide autour de la table, même quand nous serons nombreux.
Marc était un des piliers de notre groupe, par sa présence, et il nous manquera. Cependant, nous espérons que, de là où il se trouve désormais, Marc goûtera désormais le repos de l’esprit et la paix de l’âme, libéré de ses attaches terrestres pour entrer dans la vie éternelle. 

À Landévennec, l’association David et Jonathan fête les dix ans de sa section finistérienne

La moitié de la trentaine de participants ici présent pose pour la photo quand l’autre moitié, aujourd’hui encore, préfère ne pas se montrer à un voisin, un patron, une mère. (finistere@davidetjonathan.com)L’association LGBTI + chrétienne David et Jonathan a fêté les dix ans de sa section finistérienne, ce week-end, à l’abbaye de Landévennec. L’occasion de revenir sur un passé fait de luttes pour les droits civiques, et d’envisager un futur tout aussi combatif.
La section finistérienne de l’association LGBTI + chrétienne David et Jonathan s’est réunie à l’abbaye de Landévennec, samedi 24 et dimanche 25 septembre 2022, afin de fêter ses dix ans d’existence à l’échelle départementale. Fondée en 1972, l’association célébrait aussi ses 50 ans. Elle accueille des femmes et des hommes homosexuels, bisexuels et transgenres et permet une parole libre au sein des valeurs chrétiennes.
Il faut imaginer la violence qui ressort d’une homélie qui condamne des actes intrinsèquement désordonnés
La gay pride de 1982 comme acte fondateur
Pour Nathalie, il s’agit « d’un besoin de partager sa foi et d’être acceptée par l’Église ». C’est lors d’une marche des fiertés, à Rennes, qu’elle a adhéré à l’association. « Il faut imaginer la violence qui ressort d’une homélie qui condamne des actes intrinsèquement désordonnés », cite un membre qui souhaite rester anonyme, devenu adhérent de l’association en 1978, « d’autant plus à une époque ou le mot d’ordre était discrétion », ajoute Pierre, membre depuis 1985.
À lire sur le sujet
Homosexualité : « Les Centre-Bretons ont un esprit très ouvert »
Un autre membre se rappelle que « la gay pride de 1982, c’était l’acte fondateur de la sortie du placard. Par cette visibilité, on a pu discuter avec les pouvoirs publics, avec d’autres associations et avec l’église sur le port du préservatif, car nous entrions dans les années sida ». La revue « Le Gai Pied », suggéré par le philosophe Michel Foucauld et lancé par Jean Le Bitoux en 1979, va également aider les homosexuels à avoir plus de visibilité dans la société.
À lire sur le sujet
« Le regard sur l’homosexualité a énormément évolué »
Un futur fait de luttes
Le groupe privilégie l’hétérogénéité des personnes qui viennent à eux, sans aucun a priori. « Personnes handicapées, jeunes, âgés, réfugiés, étrangers, sont les bienvenus », partage Gabriel. « Comme aux temps des évangiles », ajoute un autre membre.
À lire sur le sujet
Robert Badinter : « Les discriminations à l’égard des homosexuels sont absurdes et indignes »
C’est dans le livre des rois que David fit l’élégie de la mort de Jonathan et dit ces mots : « Ton amitié m’était plus précieuse que l’amour des femmes ». Si les membres de David et Jonathan savent que le futur sera fait de luttes contre les discriminations, ils savent également que les choses bougent et que l’église de terrain permet de plus en plus aux individus de trouver, auprès de l’association, une écoute et un accueil.
Contact
finistere@davidetjonathan.com.

 

 

 

 

Le groupe Finistère de l’association David et Jonathan célèbre  ses dix ans d’existence

le groupe Finistère de l’association David et Jonathan célèbre  ses dix ans d’existence. Dans un ancrage chrétien, le groupe accueille depuis 2012 des femmes et des hommes homosexuel-les, bisexuel-les et transgenres, avec l’ambition de réconcilier deux dimensions essentielles de leur être trop souvent dissociées et source de souffrance : leur orientation ou identité sexuelle et leur foi chrétienne ou, pour certain-e-s, leur quête de spiritualité. Réparti-e-s sur l’ensemble du département et parfois même au-delà, les adhérent-e-s, d’âge et d’origine sociale variés, célibataires ou en couple, se retrouvent régulièrement pour des rencontres conviviales, des temps de partage et de prière aidant chacun-e à sortir de l’isolement et du silence, mieux s’accepter et trouver sa place.
Si les positions officielles des églises chrétiennes à l’endroit de l’homosexualité restent conservatrices, le groupe fait l’expérience de points de vue nettement plus nuancés sur le terrain et parmi la communauté, très diverse, des chrétiens. Rattaché à aucune confession ou institution religieuse, indépendant de toute formation politique, le groupe entretient des liens avec les églises chrétiennes locales. Une bibliste du diocèse vient depuis quelques années animer un temps de lecture et de partage autour de la Bible, dans un esprit de recherche et de questionnement, plus que de certitude. Des contacts existent avec le Pasteur Block et l’Eglise protestante unie de Brest. Tout comme Monseigneur Dognin, évêque du diocèse de Quimper et du Léon, avec qui un dialogue est ouvert et qui s’associe à cet anniversaire par la pensée et la prière.
Loin des positions dogmatiques dont procèdent les pseudos « thérapies de conversion » de l’homosexualité pratiquées dans certains contextes religieux, l’association David et Jonathan fête aussi cette année ses cinquante ans d’histoire. Riche d’environ 400 membres présents dans une vingtaine de groupes locaux, elle est ainsi la plus ancienne association LGBT de France. Enracinée dans ses fondements chrétiens, elle a tissé au fil des décennies des liens avec le monde LGBT, les églises et les pouvoirs publics, en résistant à la tentation de s’enfermer dans une identité close : homosexuelle ou chrétienne. Animée par la volonté de lutter contre l’homophobie et la transphobie, elle a notamment plaidé en faveur du mariage pour tous, de la PMA pour toutes les femmes et milite pour la bénédiction des couples homosexuels.
Plus d’infos sur le site davidetjonathan.com

Message d’Amour !

Le Pape François est quelqu’un qui sort de l’ordinaire! Voici son nouveau message, plein de sagesse et d’humilité. Si vous ne professez aucune religion, si vous êtes agnostique, si vous êtes chrétien, si vous êtes athée ou témoin de Jéhovah. Ça ne fait rien. Lisez-le … vous ne le regretterez pas.
SOYEZ HEUREUX … donnez-vous une minute pour le lire. 🙏🙏
papa Francisco
« Vous pouvez être défectueux, anxieux et parfois irrité, mais n’oubliez pas que votre vie est la plus grande entreprise du monde.
Vous seul pouvez l’empêcher de décliner.
Nombreux sont ceux qui vous apprécient, vous admirent et vous aiment. Et tu ne sais pas mais il y a des gens pour qui tu es spécial
Je voudrais que vous vous souveniez qu’être heureux, ce n’est pas avoir un ciel sans tempête, je marche sans accident, je travaille sans fatigue, des relations personnelles sans déceptions.
Être heureux, c’est trouver la force dans le pardon, l’espoir dans les batailles, la sécurité dans la boîte de la peur, l’amour dans les désaccords.
Être heureux, ce n’est pas seulement valoriser le sourire, c’est aussi réfléchir à la tristesse.
Il ne s’agit pas seulement de commémorer le succès, mais de tirer les leçons de l’échec.
Ce n’est pas seulement avoir de la joie avec les applaudissements, mais avoir de la joie dans l’anonymat.
Être heureux, c’est reconnaître que la vie vaut la peine d’être vécue, malgré tous les défis, la tristesse, les malentendus et les périodes de crise émotionnelle et économique.
Être heureux n’est pas un destin, mais une conquête pour ceux qui savent voyager dans leur propre être.
Être heureux, c’est cesser d’être victime de problèmes et devenir acteur de votre propre histoire.
C’est traverser des déserts hors de soi, mais pouvoir trouver une oasis au plus profond de notre âme.
C’est remercier Dieu chaque matin pour le miracle de la vie.
Être heureux, ce n’est pas avoir peur de ses propres sentiments.
C’est savoir parler de soi.
C’est avoir le courage d’entendre un «non» même de la part de ceux que vous aimez.
C’est avoir la sécurité de recevoir des critiques, même si c’est injuste.
C’est embrasser les enfants, choyer les parents, avoir des moments poétiques avec des amis, même s’ils nous blessent.
Être heureux, c’est laisser vivre la créature libre, heureuse et simple qui vit en chacun de nous.
C’est avoir la maturité de dire «j’avais tort».
C’est avoir l’audace de dire «pardonnez-moi».
C’est avoir la sensibilité d’exprimer «J’ai besoin de toi».
C’est avoir la capacité de dire «je t’aime».
Que votre vie devienne un jardin d’opportunités pour être heureux …
Puissiez-vous être un amoureux de la joie dans vos sources.
Puissiez-vous être un ami de sagesse et de paix pendant vos hivers.
Et lorsque vous vous trompez en cours de route, vous recommencez.
Eh bien, vous serez plus passionné par la vie.
Et vous découvrirez qu’être heureux, ce n’est pas avoir une vie parfaite.
Mais utiliser des larmes pour tolérer l’eau.
Utilisez les pertes pour affiner la patience.
Utilisez des fallas pour sculpter la sérénité.
Utilisez le plaisir de roder la douleur.
Utilisez des obstacles pour ouvrir des fenêtres d’intelligence.
N’abandonnez jamais …
N’abandonnez jamais les gens que vous aimez.
N’abandonnez jamais le bonheur, car la vie est un spectacle à ne pas manquer! »
Le pape François appelle chacun, peu importe où il se trouve, ou la croyance ou la religion, à un moment de recueillement, de méditation ou de prière pour la paix. La planète entière unie dans la prière pour la PAIX

 

La Prière de l’Abbé Robert Riber pour le temps de l’Avent « Allume une braise dans ton cœur, c’est l’Avent ! » :

« Allume une braise dans ton cœur, c’est l’Avent ! Tu verras, l’attente n’est pas vaine quand on espère quelqu’un. Allume une flamme dans tes yeux, c’est l’Avent ! Regarde autour de toi, on a soif de lumière et de paix. Allume un feu dans tes mains, c’est l’Avent ! Ouvre-les à ceux qui n’ont rien, ta tendresse est à bout de doigts. Allume une étoile dans ton ciel, c’est l’Avent ! Elle dira à ceux qui cherchent qu’il y a un sens à toute vie. Allume un foyer en hiver, c’est l’Avent ! Les transis du cœur et du corps viendront et il fera chaud au cœur du monde. II suffit d’une seule braise, pour enflammer le monde, et réchauffer le cœur le plus froid. Ainsi soit-il. »

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Apprends-nous à attendre

Dieu
Tu as choisi de te faire attendre tout le temps d’un Avent.
Moi je n’aime pas attendre dans les files d’attente.
Je n’aime pas attendre mon tour. Je n’aime pas attendre le train.
Je n’aime pas attendre pour juger. Je n’aime pas attendre le moment.
Je n’aime pas attendre un autre jour. Je n’aime pas attendre
parce que je n’ai pas le temps et que je ne vis que dans l’instant.

Tu le sais bien d’ailleurs, tout est fait pour m’éviter l’attente :
les cartes bleues et les libres services, les ventes à crédit
et les distributeurs automatiques, les coups de téléphone
et les photos à développement instantané, les télex et les terminaux d’ordinateur,
la télévision et les flashes à la radio…
Je n’ai pas besoin d’attendre les nouvelles : elles me précèdent.

Mais toi Dieu tu as choisi de te faire attendre
le temps de tout un Avent. Parce que tu as fait de l’attente
l’espace de la conversion, le face à face avec ce qui est caché,
l’usure qui ne s’use pas. L’attente, seulement l’attente,
l’attente de l’attente, l’intimité avec l’attente qui est en nous
parce que seule l’attente et que seule l’attention est capable d’aimer.

Tout est déjà donné dans l’attente, et pour toi, Dieu,
attendre se conjugue Prier.

Jean Debruyne
Extrait de « Écoute Seigneur ma prière, Prier/DDB »

APPEL AUX ÉVÊQUES DE FRANCE

« Moi, je suis le bon pasteur; je connais mes brebis, et mes brebis me connaissent,
comme le Père me connaît, et que je connais le Père : et je donne ma vie pour mes
brebis. J’ai encore d’autres brebis, qui ne sont pas de cet enclos ; celles-là aussi, il
faut que je les conduise. Elles écouteront ma voix : il y aura un seul troupeau et un
seul pasteur. » Jn 10, 14-16
« Parents catholiques
d’enfants
homosexuels, nous
interpellons les
évêques de France
sur la prise en compte
de la dignité de nos
enfants par la
doctrine de l’Église.
Nous témoignons de
l’accueil de
l’homosexualité au
sein des « églises
domestiques » que
sont nos familles, et
souhaitons pouvoir
vivre avec nos
pasteurs dans l’Église
un dialogue
authentique, ayant à
cœur de diminuer les
souffrances
provoquées par
l’ignorance et
l’incompréhension, et
d’enrichir l’Église en
reconnaissant une
place pleine et
entière aux
personnes
homosexuelles. »
1
Des diocèses de France, le 1er février 2021
Chers Pères évêques,
En ces temps de confinement, nos familles font l’expérience plus que jamais
d’être de petites églises domestiques. Comme le rappelle le cardinal Mario Grech,
secrétaire du synode des évêques dans une interview du 23 octobre 2020, « ce
n’est pas la famille qui est subsidiaire à l’Église, mais l’Église qui doit être subsidiaire
à la famille ». En vous écrivant personnellement, nos familles prennent au sérieux
ce principe de subsidiarité, ainsi qu’un extrait du document final du Synode des
évêques sur la famille : « La famille se constitue ainsi comme sujet de l’action
pastorale à travers l’annonce explicite de l’évangile et l’héritage de multiples
formes de témoignages : la solidarité envers les pauvres, l’ouverture à la diversité
des personnes, (…) ».
Nous vous confions un questionnement commun à de nombreux parents
catholiques d’enfants homosexuels : la dignité de la personne homosexuelle estelle bien prise en compte aujourd’hui par la doctrine de l’Église ? La capacité à
recevoir la vie de Dieu en abondance et à annoncer la résurrection du Christ estelle bien reconnue à ces personnes ?
Nous parents témoignons que cette dignité et ces capacités sont totales, non
diminuées ou déviantes, mais plus complexes à affirmer, à vivre. Nous constatons
dans le même temps que le chemin qui conduit à la formulation des réponses,
même si certains diocèses y sont engagés, doit souvent encore être tracé. Nous
avons à cœur de diminuer les souffrances voire les contre-témoignages provoqués
par beaucoup d’ignorance, de manque d’expérience et d’incompréhension.
Le pape François nous invite à construire des ponts, et c’est dans cet esprit de
rencontre que nous partageons avec vous, chers pasteurs, notre expérience de
parents de personnes homosexuelles qui sont aujourd’hui des hommes et des
femmes adultes entre 18 et 50 ans. Nous espérons que cette initiative permettra
d’engager un dialogue approfondi, apaisé et concerté dans l’Église, afin de
participer à la construction de la « civilisation de l’amour » à laquelle nous sommes
tous appelés.
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1 – QUI SOMMES-NOUS ?
NOTRE EXPERIENCE COMMUNE AU CŒUR DE L’ÉGLISE
Vous nous connaissez bien, nous sommes même familiers puisque nous œuvrons ensemble
depuis quelques décennies au service et au sein de l’Église catholique. Nous sommes des couples
mariés, quinquagénaires et plus, pères et mères ou grands-parents de familles catholiques unies,
enracinés dans la foi et engagés. Nous sommes vos paroissiens du dimanche ou de la semaine,
et avons travaillé à vos côtés lorsque vous étiez prêtres en paroisse : catéchistes, animateurs
d’aumônerie, responsables de préparation au baptême, à la confirmation ou au mariage,
membres de vos EAP et des groupes liturgiques, responsables scouts, parents dans
l’enseignements catholique. Certains d’entre nous sont salariés à l’évêché, diacres mariés ou
aumôniers des hôpitaux, ou encore diplômés de théologie.
Nous avons suivi vos pas dans des pèlerinages et participé à des retraites que vous prêchiez,
ou bien encore nous sommes membres de communautés nouvelles. Nous avons prié en famille,
nos enfants ont été éduqués dans la foi catholique, nombre d’entre eux ont fréquenté les scouts
ou ont été servants de messe, puis ont participé aux FRAT, aux JMJ.
Voici ce qui nous est commun et nous pousse à vous écrire: un jour, notre fils, notre fille de
13, 20 ou 30 ans, est venu(e) se confier : « Papa, Maman, je suis homosexuel(le) ». Nous n’étions
préparés à entendre cela ni comme parents ni comme chrétiens, et pourtant, comme pères et
mères aimants, nous avons écouté nos enfants et leur souffrance parfois aigüe de se découvrir
ainsi sans l’avoir choisi. Ils ne nous ont pas « avoué » leur homosexualité, comme on avouerait
un péché. Cette expression prononcée par un évêque sur une radio chrétienne en octobre 2020
est significative du fossé entre le réel vécu par les personnes et la connaissance qu’en a une partie
du clergé. Un adolescent découvre son homosexualité, peu à peu, même s’il n’a rien acté. Il s’agit
d’une façon d’être au monde, existant même en dehors de toute relation affective. Cette façon
d’être au monde ne concerne pas seulement leur vie sexuelle (le mot homosexuel est piégé) mais
bien toutes les dimensions de leur personne, corps, cœur, esprit. Il n’y a pas de péché à avouer,
« juste » accueillir et consentir à ce qui est, et le vivre dans sa richesse et sa complexité.
Quant à nous parents, à la suite de nos enfants, nous avons cheminé, souvent bien seuls,
la sidération laissant peu à peu place à d’autres émotions, colère, déni, tristesse, anxiété,
culpabilité. Nous nous sommes questionnés : qu’avons-nous « raté » dans l’éducation de notre
enfant ? Nous avons souvent expérimenté la honte qui nous faisait nous taire ou mentir, pour
protéger l’image idéalisée de notre enfant et de notre famille. Nous avons eu peur pour notre
enfant du harcèlementsouvent réservé aux enfants différents à l’école, au collège, au lycée, dont
certains restent marqués à jamais. Nous avons parfois traversé des tensions familiales ou des
conflits durables après que notre enfant ait eu le courage de dire qu’il était homosexuel, et nous
avons rasé les murs de nos églises, nous demandant quelle serait notre place si cela se savait.
Nous avons naturellement cherché du soutien dans l’Église, et nous avons dû constater que
le sujet était bien souvent tabou, ignoré, méconnu, quand nous ne tombions pas sur des discours
ou attitudes blessant à la fois la vérité et la charité. Très rares sont ceux parmi nous qui ont trouvé
auprès d’un prêtre une véritable écoute et une parole éclairante, c’est pourquoi nous sommes
plein de gratitude à l’égard de ces hommes qui ont posé sur nous et nos enfants le regard que le
Christ portait sur ceux qu’il rencontrait. Nous avons souvent fait face à des silences gênés. Nous
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avons entendu que nos enfants étaient des malades, pervertis, dépravés, affectivement
immatures ou qu’ils étaient infestés par des démons ; le texte officiel du CEC résume leur vie
psychoaffective à une « propension objectivement désordonnée». Ces quelques lignes les
concernant suivent directement (mais distinctement) les paragraphes sur la pornographie, la
prostitution et le viol, ultime violence et injustice qu’on leur inflige lorsqu’à 15 ans ils consultent
anxieusement le site du catéchisme. Tout ceci ne correspond en rien aux réalités que nous
constatons chez eux depuis leur plus jeune âge. S’ils sont ordonnés différemment de leurs frères
et sœurs, ils sont aussi intègres qu’eux et parfois plus. Certains discours vont jusqu’à nous rendre
coupables de leur différence : la mère a été trop ci, le père pas assez cela, comme en d’autres
temps on rendait responsables les parents de l’autisme de leur enfant.
Avant d’aller plus loin et pour anticiper quelques réactions possibles, nous tenons à
affirmer ceci : si nous ne sommes pas membres ou militants de « lobbies LGBT », nous ne sommes
pas non plus soumis à une institution ecclésiale qui rejette explicitement ou implicitement ceux
que nous aimons, par ses textes et par ignorance de ce qu’ils sont vraiment. Pour n’en citer qu’un,
le document Homosexualitas Problema signé le 1er octobre 1986 par le futur pape Benoît XVI,
affirme que « l’inclination particulière de la personne homosexuelle constitue néanmoins une
tendance, plus ou moins forte, vers un comportement intrinsèquement mauvais du point de vue
moral » ou encore que « l’opinion selon laquelle l’homosexualité serait équivalente à l’expression
sexuelle de l’amour conjugal ou aussi acceptable qu’elle, a un impact direct sur la conception que
la société a de la nature et des droits de la famille, et met ceux-ci sérieusement en danger ». Notre
expérience familiale est toute autre.
Enfin, même si cela n’est clairement pas l’objet de cette lettre, nous souhaitons associer
dans notre démarche les parents chrétiens dont un enfant est transgenre, parce que l’ignorance
et les difficultés avec l’Église à leur égard sont encore plus grandes.
2 – QUE DÉPLORONS-NOUS ?
LES TERRIBLES CONSÉQUENCES DE L’IGNORANCE ET DU NON-DIT
Certains d’entre vous qui n’ont pas eu l’occasion d’écouter des personnes homosexuelles
ou leurs familles et n’ont d’autre référence que la doctrine seront peut-être surpris de lire les
lignes ci-dessous. Pour d’autres au contraire ces réalités sont bien connues. Nous-mêmes avons
longuement et souvent douloureusement cheminé pour faire le triste constat de ce qui suit. Par
notre ignorance, notre isolement, notre absence de formation, notre croyance naïve en une
Église « experte en humanité », et enfin par notre adhésion à des discours qui prétendent
connaître parfaitement le « plan de Dieu » sur nos enfants, nous avons longtemps participé à
cette omerta et à ces jugements maintenant les personnes homosexuelles dans la honte de ce
qu’elles sont et la culpabilité de ce qu’elles font. Or le prix est cher payé et totalement injuste.
Pour les personnes homosexuelles : les jeunes se découvrant homosexuels peuvent
passer par des phases de détresse, de désœuvrement et de solitude venant aggraver leurs
interrogations et angoisses intimes quant à la valeur de leur existence et de leurs sentiments et
quant à la légitimité de leurs appartenances diverses dont l’Église fait partie. Ils se construisent
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et se structurent sur l’injure et le mépris entendus dans leur famille, dans la société et aussi dans
l’Église.
Certains ont tenté de se suicider, parce que, confient-ils, il leur était impossible de concilier
vie chrétienne et homosexualité, et d’autres ne sont plus là pour en parler. Les plus « courageux »
qui voudraient sincèrement vivre selon les recommandations du CEC risquent, en cherchant à
sublimer, de s’égarer dans des délires mystiques ou de sombrer dans une dépression profonde
voire dans des comportements violents parce qu’ils n’atteignent jamais – à quelques exceptions
près – l’abstinence affective et sexuelle qu’on tente de leur imposer de l’extérieur. Combien sont
ceux qui, parce que leur sexualité n’est pas reconnue, la détruisent par des rencontres furtives et
éphémères, se réfugient dans la pornographie, et développent des addictions dont il leur sera
extrêmement difficile de sortir ?
Enfin, beaucoup de ceux qui se sont réfugiés dans la vie religieuse dans un esprit de sacrifice
expiatoire vain et mortifère ou se sont mariés en espérant que « ça passerait », se voient tomber
dans une double vie. Des scandales plus ou moins étouffés éclatent, des familles sont en ruine,
des conjoints et enfants souffrent, des demandes de nullité de mariage s’empilent dans les
officialités.
Tels sont les chemins de mort encouragés par les jugements et injonctions insupportables
que l’Institution Église fait peser sur les personnes homosexuelles, tout en s’en affranchissant
parfois pour elle-même. Il est irrationnel de penser que l’homosexualité doterait les personnes
concernées d’une capacité spécifique à s’amputer de leur vie affective et sexuelle dès la puberté
et pour toujours. Et la foi ne change rien à cette réalité.
Prix cher payé également dans les familles : des parents ayant bien intégré « l’abomination
de l’homosexualité » jettent leurs propres enfants à la rue. Des couples ou des fratries jusque-là
très unis se divisent. Des jeunes vont suivre des accompagnements organisés par des religieux
ou des laïcs animés de bonnes intentions, mais dissimulant derrière diverses appellations
séduisantes des « thérapies de conversion » : ces thérapies prétendent guérir le jeune homme
ou la jeune femme de son homosexualité, ou tout du moins les convaincre de ne pas la vivre, à
travers des sessions promettant « restauration de l’identité », « guérison des racines familiales »,
« réconciliation de la sexualité », etc… Pire, certains témoignent avoir subi des prières de
délivrance de l’homosexualité ou des exorcismes sauvages. Ces thérapies sont non seulement
inefficaces, mais dangereuses.
Des familles restent profondément traumatisées par ces expériences menées sur elles et
leurs enfants par des pseudo-thérapeutes ignorant ce que les sciences humaines savent
aujourd’hui : on ne choisit pas son orientation sexuelle, on ne peut la modifier, on peut
seulement apprendre à vivre avec, ce qui n’empêche nullement de désirer suivre le Christ et ses
commandements et d’aimer avec respect. Une note publiée fin 2019 par le Service National
Familles et Société de la CEF indique que « l’Église catholique ne peut cautionner ces thérapies » :
c’est un pas en avant que nous saluons, tout en appelant nos pasteurs à un message plus engagé
pour soutenir leur interdiction qui fait actuellement l’objet d’une proposition de loi en France.
Près de 400 dignitaires religieux de 35 pays et de toutes confessions ont appelé mercredi 16
décembre 2020 à interdire ces thérapies, mais au jour où nous écrivons aucun évêque français
n’apparaît dans la liste des signataires.
Enfin, l’Église paie un tribut élevé : ceux de nos enfants ayant toujours cultivé une foi
profonde et une pratique régulière des sacrements désertent les bancs des églises parce qu’ils se
sentent rejetés par elle et par Dieu. D’autres n’y trouvent pas l’accueil communautaire réservé à
ceux qui vivent en situation dite « régulière », ou n’y trouvent tout simplement pas leur place.
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D’autres encore développent, en réponse au rejet qu’ils expérimentent, une opposition
frontale et militante contre l’Église. Bien que plusieurs diocèses ou paroisses mettent en place
des groupes d’accueil (mot qui en dit long sur le rejet qui a longtemps sévi et qui suinte encore
dans certains discours), ceux-ci sont encore combattus par une partie de la communauté :
affiches arrachées, entraves diverses.
Par ailleurs des jeunes sans véritable vocation trouvent dans la vie religieuse une issue à
leur problématique, ce qui se traduit par une surreprésentation de personnes homosexuelles à
tous les échelons de la hiérarchie de l’Église catholique.
Nous constatons enfin de sérieuses incohérences concernant l’accès aux sacrements : des
personnes se voient exclues du baptême et de la confirmation, voire d’inhumation religieuse,
alors qu’elles vivent en couple de même sexe une relation durable d’amour authentique, tandis
que d’autres menant une vie de vagabondage sexuel déshumanisant ont « droit » à ces
sacrements. Des prêtres sont obligés de demander à des catéchumènes vivant en couple de
même sexe de mentir en déclarant qu’ils sont célibataires, sans quoi le baptême leur est refusé.
Concernant les confessions, des jeunes ont vécu des expériences traumatisantes : venant
demander pardon et chercher la miséricorde et l’amour de Dieu, ils récoltent des paroles
culpabilisantes, parfois menaçantes, quand ils ne sont pas jetés hors du confessionnal avec des
insultes.
Il n’est plus acceptable de voir nos enfants, quand ils ont des aspirations spirituelles très
fortes, être éloignés de Dieu et des sacrements parce qu’ils sont homosexuels, par ceux-là même
qui sont censés leur témoigner l’amour et la miséricorde infinie du Père en les guidant, comme
tous, vers plus de beau, de bien, de vrai.
3 – QUE DÉCOUVRONS-NOUS ?
LES BIENFAITS DE L’ACCEPTATION DE LA RÉALITÉ
Bien éloignés de tout militantisme, nous voulons seulement témoigner des réalités
familiales que nous sommes nombreux à vivre (en France, on estime à un minimum de 4% la
proportion de personnes homosexuelles, soit 3 millions d’hommes et de femmes répartis dans
toutes les tranches d’âge).
Nos enfants homosexuels ont fait depuis toujours l’expérience de la différence, de la peur
du rejet, du rejet même, de la solitude, de la honte, ce qui a souvent développé chez eux une
sensibilité, une empathie, une humilité et une résilience hors du commun. Ils se sont construits
dans un milieu et une famille parfois hostiles, sans modèle, leurs parents étant très
majoritairement hétérosexuels. A posteriori, ils forcent souvent notre admiration. Ils nous ont
enseigné des choses qu’aucun de nos autres enfants ne nous ont apprises : affranchissement du
regard des autres, ouverture à l’altérité, acceptation de la part de mystère de l’autre, de ne pas
tout comprendre et maîtriser : véritable chemin spirituel d’abandon et de confiance.
Une nouveauté que nous ne pouvons pas ignorer est désormais prise en compte par les
théologiens travaillant sur cette question : pour des raisons historiques et sociales que nous
n’exposons pas ici, les personnes homosexuelles révèlent désormais leur homosexualité
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beaucoup plus aisément que par le passé, quand cette réalité était impensable, et donc indicible.
Même si ces « coming out » leur demandent parfois des années et beaucoup de courage, elles
n’envisagent plus de s’amputer systématiquement de leur vie affective et sexuelle pour obéir à
une doctrine qui a produit tant de désordres et de chemins mortifères. Elles sont déterminées à
ne plus mentir ni se cacher, mais bien plutôt à vivre en vérité avec elles-mêmes et leur entourage,
dans une fidélité aux valeurs de l’Évangile.
Parents, nous reconnaissons en voyant nos enfants homosexuels déjà bien avancés dans
leur vie d’adulte que le couple de même sexe fondé sur une relation d’amour authentique et
stable est généralement bon pour eux, leur apportant un équilibre de vie comparable à bien des
égards à celui de nos enfants hétérosexuels engagés dans une vie de couple. Ils y expérimentent
le dépassement de soi, le soutien dans les épreuves, la joie de partager, d’aimer, de servir, de
construire un projet de vie… Ils expriment leur amour, y compris de façon incarnée, même si cela
paraît à certains d’entre nous difficile à comprendre ou à accepter, et si cette expression des
corps est biologiquement inféconde. Cette infertilité biologique n’est d’ailleurs pas leur unique
apanage : on marie bien des couples au crépuscule de leur vie. Nous regardons nos enfants dans
la totalité de leur être, corps, cœur, esprit, et non à travers le prisme excessivement réducteur
de leur activité sexuelle. L’important est qu’ils puissent se donner à leurs prochains et au monde
en réalisant pleinement leurs aspirations profondes, notamment au travers d’une vie affective
vécue en cohérence avec ce qu’ils sont, ce qui ne les empêche pas de chercher l’amour de Dieu
dans leur vie, pour ceux qui ont la foi.
Ces couples d’hommes et de femmes portent des formes de fécondité qui méritent d’être
soulignées : non les fruits de leur chair (ce qui constitue déjà en soi une épreuve de vie lourde et
parfois un long deuil à traverser), mais des fruits que nos autres enfants mariés ne peuvent pas
porter, à cause de leur charge familiale. Nous pensons au rôle souvent irremplaçable que ces
couples jouent dans nos familles : attention aux parents malades ou âgés, aux personnes seules,
aux jeunes ayant besoin de soutien dans leur orientation et leur insertion sociale et
professionnelle, sens accru du service, du don de soi, de l’accueil, de la famille, etc… Nous
pensons aussi à leurs engagements en paroisse (sous condition parfois de clandestinité), leur
générosité dans la vie culturelle, associative, politique … Nous voyons les chemins spirituels qu’ils
font à la suite du Christ et qu’ils incarnent dans leur vie de couple. Omettre ces formes de
fécondité pour se concentrer sur la seule dimension génitale de leur vie, ou laisser entendre que
ces couples seraient un danger pour les familles nous paraît totalement erroné.
Pour finir, nous témoignons avoir vécu grâce à nos enfants homosexuels une expérience de
croissance humaine et spirituelle : l’homosexualité d’un proche nous a ouverts au mystère de
l’homme, à l’altérité, et au respect. Ce qui nous a semblé au départ une épreuve parfois
insurmontable nous a enseigné l’amour inconditionnel que le Père porte à chacun de ses enfants.
Nous avons expérimenté que l’amour auquel le Christ nous appelle va tellement au-delà de nos
jugements, de nos préjugés et de notre zone de confort ! Et ce chemin qui fut parfois si
douloureux nous a offert des trésors inattendus de paix, de réconciliation, de joie, de fraternité,
d’ouverture à l’inattendu de Dieu ! Nous avons appris à aimer, vraiment !
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4 – QU’ESPÉRONS-NOUS VIVRE EN ÉGLISE ?
UN REGARD RENOUVELÉ ET UNE ESTIME MUTUELLE
Dans nos responsabilités de parents figure en premier lieu notre souci de préserver la vie
et la santé physique, psychique et spirituelle de nos enfants, et de faire grandir les liens d’amours
fraternels et intergénérationnels qui nous unissent. Comme catholiques, nous faisons confiance
à l’Église pour nous soutenir sur ces chemins de vie et de croissance, y compris pour nos enfants
homosexuels et quels que soient leurs états de vie. Nous pouvons affirmer en ce sens que le
chemin initié par le pape François, encourageant à mieux accueillir ces personnes dans nos
familles et dans l’Église, nous donne des raisons d’espérer !
Sur le plan doctrinal, nous avons besoin d’un discours approprié à la réalité de ce que nous
et nos enfants vivons. En premier lieu nous appelons à un discours plus clair, et donc plus
éclairant, qui ouvre des chemins de vie au lieu d’en fermer en poussant des jeunes à la
désespérance et des parents au rejet de ce que sont leurs enfants; un discours qui ne reste pas
dans une idéalisation immature et inexpérimentée de la vie affective et familiale, mais qui
regarde le réel en face et l’aborde sans tabou ; et enfin un discours qui ne provoque pas des
blessures et désordres mais qui au contraire soit facteur de paix, de réconciliation et de
croissance. Les références à l’Ancien Testament (Lévitique) ou à Saint Paul sont inappropriées
puisque l’homosexualité à ces époques n’était pas reconnue comme orientation sexuelle qui
s’impose à la personne, celle-ci n’ayant été définie qu’au XIXème siècle.
Le catéchisme, publié il y a bientôt 30 ans, traite cette question en quelques lignes
lapidaires et confuses, qui sont d’une grande violence pour les personnes qui les lisent pour ellesmêmes ou leurs proches. C’est pourquoi une demande de réécriture du paragraphe abordant
cette question adressée aux instances compétentes nous paraît nécessaire et urgente,
notamment compte tenu des apports inédits et nombreux des sciences humaines sur cette
période.
Dans « Un temps pour changer », le pape François écrit en décembre 2020 : « La Tradition
n’est pas un musée, la vraie religion n’est pas un congélateur, et la doctrine n’est pas statique
mais elle grandit et se développe, comme un arbre qui reste le même mais qui grandit et porte
toujours plus de fruits. (…) L’Esprit continue à nous guider, à chaque époque, en traduisant la
Bonne Nouvelle dans différents contextes, afin que les paroles de Jésus continuent à résonner
dans les cœurs et chez les hommes et les femmes. »
Sur le plan pastoral, nous avons besoin que soient créées dans les diocèses des conditions
plus favorables à l’expression de la dignité des personnes homosexuelles, pour vivre une pluralité
et un dialogue authentiques : il s’agit de libérer la parole et rendre visible la pastorale familiale à
destination des personnes et familles concernées, en favorisant les groupes de soutien, de
partage et d’échanges d’expérience pour accompagner ces situations de vie. Les jeunes qui se
découvrent homosexuels et leurs parents, lorsque cette réalité leur est révélée, ont besoin d’être
« équipés » pour aborder un chemin de vie qu’ils n’avaient souvent pas envisagé. Des formations
par des professionnels qualifiés doivent être encouragées pour les laïcs comme pour les
séminaristes, prêtres, diacres, religieux et religieuses.
On peut espérer ainsi que les enfants concernés par l’homosexualité et leurs proches
(parents mais aussi fratries, grands-parents, parrains, marraines …) vivront désormais cette
réalité dans la paix, loin de la honte et de la culpabilité qui trop souvent ont dominé jusqu’à nos
jours. Il est essentiel que les jeunes élevés dans la foi catholique puissent confier le cas échéant
cette facette importante de leur vie à leurs proches sans avoir peur d’être jugés ou rejetés par
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ceux qu’ils aiment le plus au monde. Nous leur souhaitons de construire leur vie affective de
façon cohérente et intègre, fidèles à ce qu’ils sont et à leurs aspirations profondes, sans devoir
choisir entre leur homosexualité ou leur foi chrétienne. Enfin nous demandons qu’à l’instar de
leurs frères et sœurs, ils continuent d’appartenir pleinement à l’Église avec une place entière et
reconnue, et non une place au rabais. Comme tous nos enfants qui ont la foi, ils ont besoin d’être
encouragés et nourris dans leur vie spirituelle, de grandir en intimité avec le Christ, d’avancer sur
le chemin de vie et d’amour singulier et unique que la vie leur impose. Ce n’est qu’en étant ainsi
pleinement eux-mêmes, homosexuel et chrétien, et non amputés de l’un ou l’autre, qu’ils
pourront se donner pleinement au monde. Écoutonsle cri de ce curé : « Comment tant de jeunes
qui n’étaient pas loin de Jésus, parce qu’ils sont homosexuels, s’en sont allés ? Mon cœur de
prêtre souffre pour eux, et comment leur dire qu’ils sont aimés de Dieu? »
Terminons sur une note d’espérance en l’avenir, en ces temps incertains où la jeunesse
montre beaucoup de courage et d’abnégation : les jeunes générations sont non seulement prêtes
mais dans une attente forte concernant la posture de l’Église vis à vis des personnes
homosexuelles. Il n’est pas pensable pour l’immense majorité desjeunes catholiques aujourd’hui
de ne pas accepter leurs frères, sœurs, ami(e)s homosexuel(le)s avec leur nature singulière. Ils se
réjouissent du bonheur de leur proche lorsque celle-ci ou celui-ci rencontre l’amour, fût-ce avec
une personne de même sexe, portant sur elle ou lui un regard chaste et respectueux de sa dignité.
Ils l’ont compris, qui sommes-nous pour juger ?
Nous vous assurons, chers Pères, de notre prière pour vous et votre charge de pasteur,
dans l’attente qu’un travail approfondi et concerté sur ce sujet voie le jour dans l’Église. Que
l’Esprit Saint vous donne sa lumière pour discerner la volonté du Seigneur pour ses brebis.
Signature de l’appel aux évêques du 30 janvier 2021
formulaire à retourner avant le 1er mars 2021
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Adresse e-mel * : …………………………………………………………………………………………….
Diocèse * : ……………………………………………………………………………………………………..
Vous signez en tant que *:
– Père ou mère d’un enfant homosexuel
– Autre (merci de préciser votre lien, titre et ou qualité)
Commentaire à ajouter si vous le souhaitez
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(*) Mention obligatoire
Merci d’envoyer ce formulaire par mail à : appelauxeveques@gmail.com

Réaction à l’opposition aux bénédictions des couples de même sexe de la Congrégation pour la Doctrine de la Foi

Réaction à l’opposition aux bénédictions des couples de même sexe de la Congrégation pour la Doctrine de la Foi

Loin des yeux, loin du cœur ?


David & Jonathan réagit à l’intervention de la Congrégation pour la Doctrine de la Foi qui se prononce contre la possibilité de bénir les couples de même sexe.

La question en elle-même – est-il possible de bénir les couples de même sexe – montre bien que des initiatives en ce sens ont vu le jour. Des portes s’ouvrent en effet aujourd’hui dans un certain nombre de paroisses et diocèses catholiques, via lesquelles ces derniers tentent de se mettre à l’écoute et de rejoindre les demandes d’accompagnement spirituel des personnes LGBTI+ (Lesbiennes, Gays, Bies, Trans, Intersexes).

Il n’est ici nulle question de mariage : simplement, selon l’étymologie même du mot de bénédiction, de « dire du bien de ». La réponse de la Congrégation pour la doctrine de la Foi est sans appel : on ne saurait dire du bien des unions homosexuelles, il n’est donc pas possible de les bénir. L’argumentaire de théologie morale qui soutient de tels propos est bien éculé, et pourtant rien ne semble avoir changé, depuis le temps où Joseph Ratzinger, préfet de ladite Congrégation, refusait toute possibilité de reconnaissance morale de l’homosexualité, dans une lettre aux évêques de 1986On ne peut que voir aujourd’hui les dégâts de ce discours, empêtré dans ses certitudes, et qui a renvoyé désirs, sentiments et vies de couple du côté de la honte, du silence, de la violence, pour peu qu’ils ne puissent correspondre à une norme hétérosexuelle et procréative.  

Ce que l’on aurait pu espérer, c’est un peu d’humilité, de la part de ceux qui prétendent s’incliner devant le dessein de Dieu. Qui peut dire où est le dessein de Dieu ? S’il ne se manifeste pas, avant tout, dans la parole du peuple de Dieu, et parmi celui-ci, des personnes LGBTI+ qui attendent de leur Église qu’elle dise du bien de ce qu’ils et elles vivent, et qu’elle les accompagne dans leur cheminement de croyant.e ?

Que penser d’une Eglise qui, loin d’accueillir sans jugement, écarte une partie de ceux et celles qui viennent vers elle ? Régulièrement, nous sommes sollicité.e.s pour obtenir le contact d’un prêtre qui accepterait de célébrer un baptême, des obsèques, ou de prononcer une bénédiction, pour des familles LGBTI+. Aujourd’hui en France, il n’est pas possible pour une personne LGBT+ catholique de se tourner simplement vers sa paroisse, vers un prêtre rencontré au hasard, sans s’assurer au préalable de sa bienveillance, sans risquer de se voir renvoyer du côté du péché et de l’immoralité. Parfois, c’est le prêtre lui-même, en acceptant de recevoir et d’accompagner les personnes dans leurs demandes, qui risque une opposition de sa hiérarchie.

Pourtant, comme tout un chacun, les personnes LGBTI+ souhaitent placer leur union sous le regard de Dieu, et comme en témoigne une personne qui a pu bénéficier d’une bénédiction, « rendre grâce et inscrire notre union dans une fertilité qui était à créer, en faire un témoignage auprès de nos proches. » Par le choix des textes, par la construction d’une célébration, ces couples murissent une démarche spirituelle, et donnent sens à leur couple et à l’espérance qu’ils et elles y portent.

Il n’est plus temps, aujourd’hui, pour ce cléricalisme déconnecté et lointain, là où le « Qui suis-je pour juger ?* » du pape François avait replacé au centre la recherche de Dieu et du Christ.

David & Jonathan
Contact Presse : 06 36 95 66 31

*« Si une personne est gay et cherche le Seigneur avec bonne volonté, qui suis-je pour la juger ? », phrase prononcée par le pape François au retour des JMJ de Rio de Janeiro, en 2013